Maurice, je ne crois pas vous avoir déjà remercié. Pour votre honnêteté, pour votre courage, pour votre stoïcisme, pour ce que vous avez initié, pour être resté vous même et à votre place malgré tout, pour être resté humain, vous qui avez touché, ou plutôt avez été touché par l’altérité des Autres.
Je vois bien dans vos yeux rieurs que vous voulez jouer à celui qui ne comprend pas ce dont je lui parle. Même si, entre deux tafs de cigarette, vous me dites que vous n’avez pas fait grand-chose, je sais c’est grâce à vous que je suis là aujourd’hui.
Là, sur ce plateau de Valensole, dans un temps différent mais dans ce même espace ou vous avez vécu cette histoire si incroyable. Si incroyable que plus de 50 ans après, on en parle encore, on en fait des conférences et des manifestations, on « rave » la date dans une sorte de néo-paganisme joyeux et optimiste, à votre image, probablement.
C’est Joseph Campbell, mentor accessoire d’un certain Georges Lucas, et auteur du « Héros aux Mille et un Visages », qui définira le Héros comme suit : « Le Héros est l’homme qui s’est entièrement soumis. Mais à quoi ? C’est précisément l’énigme devant laquelle nous nous trouvons aujourd’hui et la vertu première, la fonction historique du Héros, a toujours été de la résoudre. »
Maurice, vous êtes un héros, vous qui vous êtes entièrement soumis. A qui ? Nous n’avons pas encore la réponse, vous oui, peut-être ?
Vous vous êtes soumis, à rester immobile au départ de cet objet si irréel. Vous vous êtes soumis, à narrer votre observation autour de vous. Vous n’avez rien caché de votre expérience, malgré la piqûre de l’ego quand les autres singes peuplant la caverne se sont moqués de vous, vous qui, pauvre fou, étiez sorti à l’extérieur et aviez contemplé la lune et le soleil.
Vous vous êtes soumis pour ne pas faire commerce de votre histoire. A ne pas vous enrichir personnellement, vous avez enrichi globalement la réflexion des autres, en tout cas de ceux qui, assez ouverts d’esprit, furent à même de s’inspirer et de s’élever par votre aventure.
Enfin, vous vous êtes soumis, gardant surement les aspects les plus abyssaux de votre (ou devrais-je dire vos ?) impossible(s) rencontre(s), estimant peut-être que le monde n’était pas prêt à les entendre.
Maurice, votre humilité vous a mené à l’immortalité. Vous avez accompli, comme support physique d’idées métaphysiques, ce que seuls peuvent accomplir les héros.
Vous pouvez être fier de Maurice Chaspoul, en ami fidèle il a veillé à ce que votre flambeau ne s’éteigne pas, et qu’il puisse allumer d’autres feux.
Maurice, vous avez accepté de n’être qu’un simple battement d’aile de papillon. Charge à nous d’incarner la tempête.
Pascal Fechner
Directeur National MUFON France
mufonfrance.com